L'aquaponie c'est quoi ?
Cette méthode de production est méconnue en France et pourtant de nombreux pays l’utilisent depuis des décennies. Il s’agit de combiner l’élevage piscicole à de la production végétale, l’avantage est le recyclage de l’eau jusqu’à 95% par rapport à des installations traditionnelles.
Ce sont les déchets organiques des truites qui, transformés par des bactéries au sein du cycle de l’azote, produisent un engrais naturel que les plantes assimileront. L’eau, ainsi purifiée retournera à l’élevage dans une boucle infinie. Néanmoins l’apport d’eau neuve en faible quantité est obligatoire pour compenser l’évaporation naturelle des plantes.
Entrons dans les détails
Pour commencer, un peu de lecture !
Avant d’expliquer en détail la méthode de production aquaponique, il nous faut faire un petit rappel de biologie, en abordant le milieu aquatique en générale. Il est en fin de compte, assez méconnu pour nous, évoluant sur le plancher des vaches.
La biodiversité en milieu aquatique est autant développée que dans le milieu terrestre. En effet, chaque animal ou insecte terrestre à son équivalent aquatique, ou plutôt l’inverse ! Les deux branches se sont séparées il y a bien des années, mais l’origine de la vie terrestre prend sa source dans les océans.
Sans eau il n’y a pas d’écosystème possible. C’est la clé de la vie.
(Source, livre « Guide illustré de l’écologie »
Prenons par exemple les fameux Vers de terre (Lumbricina), indispensable à la vie du sol, qui peuplent nos jardins et forêts. Un de leurs équivalents aquatiques sont les Blackworms (Lumbriculus variegatus) et ont exactement le même rôle dans un écosystème aquatique, en dégradant la matière en décomposition.
Moins connu mais tout aussi utile, le Cloporte (Oniscidea) est un crustacé terrestre qui participe activement à la dégradation des débris végétaux, favorisant le retour rapide des nutriments au sol. Son équivalent, sous la surface de l’eau, est l’Aselle (Asellus aquaticus) qui recycle les débris végétaux et animaux
Les escargots sont aussi présent sur Terre et dans l’Eau, on parlera des Physes (Physidae) notamment. Dans les deux cas ce sont d’infatigables brouteurs de végétation et d’algues.
Mais ce n’est qu’une infime partie des espèces nous entourant. Nous pourrions aussi citer le phytoplancton, algues unicellulaires dont se nourrit le zooplancton, dont font partie les espèces aquatiques citées précédemment. Les représentants les plus connus étant les Daphnies et les Ostracodes. C’est bel et bien toute cette faune aquatique, garante d’une grande biodiversité qui sera entretenue dans la ferme d’aquaponie. Elle garantit la stabilité, la qualité et la majeure partie de la filtration de l’eau et réduit les risques de pathologie, donc les traitements… Et de plus il ne nécessite que de la lumière pour fonctionner en permanence.
Citation : “Chaque fois qu’on respire, une fois sur deux, on devrait dire “Merci plancton !” Parce que la moitié de l’oxygène provient du plancton. Le reste ce sont les plantes et les forêts”.
De nos jours, l’expression « sol vivant » reprend du sens et c’est une très bonne nouvelle. Mais on oublie souvent que l’eau est toute aussi vivante et riche. Par ailleurs, dans un sol sans humidité la vie aura bien du mal à se développer. Ce qui affecterait la biodiversité présente et le rendrait moins fertile aux plantes.
Le rôle de l’eau dans le sol est multiple:
– Elle permet de dissoudre les minéraux présent naturellement ou artificiellement dans le sol et de les transporter.
– Les racines des plantes la puiseront, avec au passage les nutriments présents, essentiels à leurs développements.
– Elle donnera un abris aux bactéries nitrifiantes qui se chargeront du cycle de l’azote, essentiel à la transformation de la matière organique. Comme du fumier bovin se transformant en engrais azoté pour les plantes.
Détails précis sur l'aquaponie
Nous approchons du but ! L’aquaponie puise son principe dans la reproduction de ce que fait la nature, sauf que nous n’utiliserons pas de vaches pour faire notre engrais mais des truites.
Ce sont bien leurs déjections qui produiront notre engrais d’une manière naturelle et plus rapide car évoluant directement dans un élément porteur de vie, l’eau.
Cette dernière fera le lien en circulant en permanence entre les poissons, les bactéries et le plancton et enfin, les plantes… Et reviendra épurée aux truites.
C’est la grande force de cette méthode, le support de culture étant l’eau. Elle sert de fil conducteur pour que chacun puisse recevoir ou donner ce qui est nécessaire à l’un ou à l’autre. Et pour couronner le tout, nous pouvons en économiser jusqu’à 95 % par rapport à une culture en terre. Tout ceci sans arrosage bien entendu, sans désherbage et sans labourage. En n’oubliant pas les truites, qui ne manqueront pas de se mouvoir dans de très bonnes conditions de vie, à l’abri de la chaleur, du solide soleil Ardéchois et des oiseaux un peu trop gourmands !
Finalement, le principal apport dans la boucle aquaponique est la nourriture des truites. Elles ne peuvent la trouver naturellement dans les bassins. Comme dans toute les piscicultures, elles seront nourries par la main de l’homme, mais à base de farine d’insectes haut de gamme et non de farine de poissons. Cela garantit le respect et la pérennité de la faune marine et une qualité supérieure sans résidus de métaux lourds, et qui plus est, c’est local.